Les contes choisis par les personnes qui font un Psychoportrait symbolique ont pour fonction de les réparer et de leur indiquer le chemin. Voici quelques profils qui pourront vous inspirer sans doute.
Quels profils ont ceux et celles qui choisissent le conte Hansel et Gretel ?
Se sentir à l’étroit dans sa fratrie ou remplir un rôle qui n’est pas le sien, se sentir abandonné.e, être rejeté.e, moqué.e ou humilié.e, avoir subi des maltraitances sous maintes formes, psychologiques ou physiques, voilà souvent les traits communs de tous ceux et celles qui choisissent Hansel & Gretel.
Ils ou elles sont à la recherche d’outils ou d’armes pour se défendre encore ou pour poursuivre leur guérison. Les blessures peuvent être encore très profondes ou à vif. De cette sensibilité, ils ou elles en ont fait leur métier ou leur force. Mais ils peuvent aussi osciller entre mal-être et état dépressif sous des dehors très combatifs ou énergiques voire colériques.
Très souvent, ils ou elles hésitent entre le Petit poucet, Hansel & Gretel et Cendrillon. Ces trois contes ont en effet en commun, l’abandon, la maltraitance parentale, les familles dysfonctionnelles et le rejet.
Des profils d’addictions et de mise en danger
Ce qui diffère et les fait choisir Hansel & Gretel c’est que souvent, ils ont mis en place un système de communication préférentielle voire exclusive avec un membre de la fratrie ou une relation amicale réelle ou fictive.
C’est aussi souvent un phénomène ou syndrome de dépendance et d’addictions qui les touche une fois adulte. Dépendance au danger, au sport, aux substances toxiques, au jeu, aux relations amoureuses, au travail, etc.
Il y a un vide qu’il faut combler. Ce sont de personnes qui ont besoin de vivre intensément et de conjurer le sort et qui sont souvent en colère.
Les mots-clés qui émergent de leur Psychoportraits Symboliques sont généralement ceux-là :
justice, courage, combat, enfance, naissance, dépendance, alliance, amertume, purification, deuil, temps, épreuve, sagesse, éducation, amour, solitude, colère.
L’histoire de Lucie*
Elle a une quarantaine d’années. Elle est cadre dans une entreprise. Elle a entendu parlé des Psychoportraits par une amie et se dit que cette forme de thérapie brève pourrait l’aider. Elle se pose une question récurrente : « pourquoi n’arrive-t-elle pas à se poser « !
Les deux premières séances sont consacrées au Psychoportrait et à son analyse.
Nous réfléchissons ensemble à la question qu’elle aimerait se poser et après plusieurs pistes, elle choisit de se demander qui elle est vraiment. « Et si j’étais ».
Je lui propose les 7 éléments et j’en ajoute deux pour l’occasion : si elle était un genre littéraire (elle est un conte !) et une pièce de la maison (elle est une cuisine).
Ce qui m’indique qu’elle est bien en quête et en phase de transformation. La cuisine, c’est le lieu psychique où l’on transforme ce que l’on vit. Tout est matériau de vie et tout peut être transformé : les joies, comme les peines, les deuils, les séparations. Et tout se colore avec les couleurs et les saveurs de nos émotions.
Les occurrences symboliques c’est à dire les mots-clés cachés derrière les éléments tournent toutes autour de : la famille, le duo, le combat, la quête, le deuil, l’abandon, la rivalité fraternelle.
Je lui fais donc une interprétation à chaud dans laquelle je fais ressortir ces mots-clés et surtout la colère qu’elle semble ressentir et la notion d’urgence qui l’anime
Elle valide cette interprétation avec beaucoup d’émotions et m’explique alors sa situation conjugale et familiale.
Derrière le Psychoportrait symbolique
Malgré des journées bien remplies, un poste qu’elle affectionne et deux enfants, elle ne se sent pas comblée. Elle a des relations conflictuelles avec son conjoint, des relations de séduction très nombreuses avec ses collègues et parfois des aventures. Mais elle se sent vide. Sur le plan familial, elle est l’ainée des trois enfants et a des rapports plutôt contrastés. Il y a des tensions nombreuses autour de la longue maladie de leur mère et elle n’arrive pas à dire « non » à ses frères et sœurs. Leur père est décédé il y a peu. Elle se retrouve à occuper une fonction d’aidante sans l’avoir vraiment souhaitée. Elle se sent dépossédée mais ne sait pas de quoi. Son état m’inquiète. Elle a envie de faire voler son couple en éclat , se met en danger avec des substances toxiques et boit beaucoup. Je l’invite à consulter un praticien. Et de se revoir ensuite. Ce qu’elle fait. Le professionnel de santé ne l’a pas médicamentée. Elle se sent prête à poursuivre nos séances.
Je lui propose donc de choisir parmi trois contes :
- Le petit poucet
- Hansel & Gretel
- Cendrillon
Elle choisit Hansel& Gretel. il apparait que sa figure archétypale est Sekhmet l’égyptienne ou Ishtar la mésopotamienne, autrement dit les déesses de la colère et de la guerre. La colère et le combat jouent un très grand rôle dans sa vie et cela s’avère encore plus évident quand on déroule l’analyse systémique.
A présent analysons le conte qu’elle a choisi : on y trouve
- la colère de la mère contre ses enfants : elle se comporte comme une marâtre et non une « mère » ;
- la mégère (la sorcière) , une grand-mère qui déteste les enfants et qui veut les dévorer ;
- Notons que la mégère et la mère ou marâtre ne semble faire qu’une ;
- la colère des enfants contre la mégère et surtout celle de Gretel qui la fera périr par le feu
- et la colère contre les parents qu’il faudra dépasser et sublimer.
La quête de l’héroïne
Que dit le conte de Lucie et comment peut-elle s’en servir pour dépasser la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui ?
Le conte nous parle de notre psyché et nous parle par la voix (voie) de l’inconscient collectif.
Il agit comme un oracle, il parle à celui ou celle qui le choisit et le reconnait comme sien, c’est-à-dire racontant son histoire. Il indique la quête et le chemin qu’il faudra emprunter ainsi que ce qu’il reste à accomplir pour résoudre ses difficultés comportementales.
La colère est souvent une réponse émotionnelle à une injustice. A la question, pourquoi je n’arrive pas à me poser et à celle qui demande « qui suis-je », Lucie répond dans ce Psychoportrait symbolique : je suis une femme en colère. Pour l’oublier, pour la refouler, elle s’agite, multiplie les actions de camouflage (et de sabotage) pour ne pas s’appesantir sur ce sentiment d’injustice.
C’est le moment de recenser les moments où elle ressent de la colère et ce qu’elle peut faire pour s’entendre à défaut de s’écouter.
Quand s’est-elle sentie abandonnée ? Quels deuils a-t-elle enfouis (symbolisés par les petites pierres blanches) ? Qui lui a refusé la nourriture psychique dont elle avait besoin pour bien grandir ? Quand a-t-elle trouvé des subterfuges pour ne pas penser à sa colère (les addictions représentées par cette magnifique maison de sucreries) ? Comment peut-elle faire pour dire ce qui la blesse, ce qui l’affame encore aujourd’hui sans s’effondrer ? Comment se purifier, se guérir sans se faire du mal ? Comment cesser de nourrir cet ogre en elle qui n’arrête pas de la persécuter et de flamber ?
Les solutions contenues dans le conte
Il s’agit de (bien)grandir. Pas en âge mais en maturité. Les maltraitances font en sorte que notre enfant intérieur mène souvent la danse ! Etre un bon parent ou une « bonne (grande)sœur » pour lui va sans doute lui permettre d’être moins tyrannique.
- S’écouter attentivement
- Prendre des forces
- Accepter un moment de prendre des risques
- Discerner le vrai du faux
- Brûler ce qui doit l’être
- Quitter les rives de la colère
- Respecter les étapes : chaque chose en son temps
- Demander justice
En l’occurrence, c’est la sœur aux commandes dans le conte qui va à la bataille ! Elle va discerner le vrai du faux et jeter la sorcière au feu. Cela nécessite du courage et de la ruse et beaucoup d’amour et de soins pour la partie en soi plus faible (le frère)
Nous avons donc eu 8 étapes de coaching thérapie, espacées de 15 à 3 semaines pour atteindre les objectifs comportementaux que s’était fixée Lucie.
Il lui fallait reprendre sa véritable place de sœur et non plus de « mère bis » auprès de sa fratrie.
Mais aussi accepter ses faiblesses et ses lacunes et apprendre à dire « non » à ce qui pouvait la blesser ou l’humilier.
Parler à son défunt père qui ne l’avait pas protégée et au contraire avait multiplié les maltraitances en tous genres.
Et accepter de rééquilibrer sa vision des relations avec les hommes. En l’occurrence, tenter de se pardonner avant que de leur pardonner.
C’est aussi au chevet de sa mère malade qu’elle a pu dire aussi sa blessure. Elle a compris que cette femme prisonnière de son époque et de son vécu, avait fait ce qu’elle avait pu même si ce n’était pas suffisant pour la protéger, elle et encore moins ses enfants.
Et aujourd’hui, est-elle guéri son sentiment d’abandon ?
Lucie a-t-elle toujours la bougeotte ? Oui mais quand cela menace sa tranquillité, son couple ou son travail, elle sait que c’est le moment de rouvrir son livre de conte. Ce qu’elle fait.
Elle n’a plus besoin de se mettre en colère. Et si cela arrive, elle a le mode d’emploi.
Elle a des monceaux de trésors à rapporter avec elle : elle connait le chemin, il lui suffit d’appeler le l’oie ou le canard qui va lui faire traverser la rive. Le sorcière est morte, le four est fermé, elle ne risque plus rien.
Autrement, elle peut se mettre en colère sans risquer de tout brûler mais elle peut aussi à nouveau se perdre (un peu) car la solution réside dans l’écoute de soi. Qu’est ce qui lui fait peur à l’instant « T » et pourquoi la colère est-elle toujours présente ?
Elle peut désormais s’écouter sans se faire mal et repérer les situations qui la mettent en danger. Peu à peu, elle va apprendre à faire rimer vivre et sérénité.
Toutefois, l’accompagnement n’est pas une fin en soi : il faut ensuite remettre le travail sur l’ouvrage dès que l’on voit que l’on dérive à nouveau. Les situations professionnelles sont souvent l’occasion (hélas) de repérer ces dérives car les cas de maltraitances y sont légion.
Lire le conte ici
Petit point sur les blessures : lire
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*Lucie est bien évidement un nom d’emprunt. Le cas pratique exposé ici regroupe un certain nombre de personnes accompagnées qui présentent les mêmes difficultés.
1 L’archétype est pour la psychologie jungienne un processus psychique fondateur des cultures humaines car il exprime les modèles élémentaires de comportements et de représentations issus de l’expérience humaine à toutes les époques de l’histoire, en lien avec un autre concept jungien, celui d’inconscient collectif. https://dictionnaire.lerobert.com/definition/archetype